dimanche 16 décembre 2007
France : Présumé innocent
Après un mois de débats et une reconstitution dimanche 8 décembre à Ajaccio et à Pietrosella, le procès d’Yvan Colonna continue de passionner les foules. De nouveaux rebondissements ont eu lieu à cette occasion, puisqu’une empreinte est apparue samedi comme pièce à conviction. Cette nouvelle preuve peut servir la culpabilité du petit berger puisqu’il ne s’agit pas de ses empreintes digitales.
Autre nouveauté dans l’affaire qui semble être sans fin, le commando dit « groupe des anonymes nationalistes », qui est à l’origine de la prise d’otage de 1997, semble hors de cause également. En effet, la trace retrouvée ne correspond à aucun des six hommes. À l’heure où les plaidoiries débutent, le doute plane toujours et les erreurs de procédure se succèdent. Comment a-t-on pu ignorer une preuve aussi flagrante, et le vrai coupable court-il toujours dans le maquis corse ?
Ce qui est sûr, c’est que beaucoup d’incohérences sont à signaler dans cette affaire. La justice, et le gouvernement, ont déjà à l’époque oublié la présomption d’innocence. Rappel des faits : "La police Française vient d'arrêter Yvan Colonna l'assassin du préfet Erignac", déclaration de Nicolas Sarkozy le 4 juillet 2003. Sans preuve à l’appui, Colonna est coupable pour le ministre de l’intérieur. La complexité de l’affaire réside peut-être là. Comment la justice peut elle rester objective face à des déclarations publiques qui ne laissent aucune place aux investigations ? Tout ce battage médiatique orchestré par un ministre ravi d’avoir mis sous les verrous le gangster de l’année n’a pas aidé.
Une médiatisation qui va à l’encontre de la liberté judiciaire française puisque Colonna est pour tout le monde le coupable idéal avant d’avoir été jugé. Malgré tout, jeudi 13 décembre, le tribunal a requis la réclusion criminelle à perpétuité à son encontre. Les avocats du prévenu corse ont immédiatement fait appel, de même que le parquet.
Anne-Sophie Trouslard
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