dimanche 16 décembre 2007

Actu : Kadhafi, de tyran à « bankable » et fréquentable


Lundi 10 décembre, Mouammar Kadhafi, le « guide de la révolution libyenne », a entamé son séjour de cinq jours dans l’hexagone. Sa dernière visite en France remonte à 1973, il était depuis devenu infréquentable en raison de ses collusions passées avec de nombreuses organisations terroristes ; aujourd’hui, il se rachète une conduite en quête d’une place respectable sur la scène internationale.

Le colonel Kadhafi a longtemps été le parrain du terrorisme international, ce qui lui vaudra le surnom de « chien enragé » par Ronald Reagan. Il est ainsi la cible d'un bombardement américain en 1986 durant lequel sa fille adoptive de cinq mois trouvera la mort, après un attentat perpétré à Berlin et dans lequel un ressortissant américain a laissé la vie. S’en suivront également des sanctions économiques. Son régime est directement mis en cause dans les attentats contre les avions de la PanAm et d'UTA en 1988 et en 1989. Pour Washington, la Libye est le prototype de l’ « état voyou ».

En 2007, la donne a changé. Kadhafi a opéré un tournant majeur depuis le 11 septembre 2001 en se lançant dans la coopération sécuritaire avec les États-Unis grâce à sa connaissance des groupes radicaux. En 2003, il renonce aux armes de destruction massive ainsi qu’à la dotation par le pays de l’armement nucléaire. L’augmentation du prix du brut a fini de rendre Kadhafi respectable grâce à ses importantes ressources en or noir : dès 2004, les investisseurs américains à la recherche de pétrole entreront dans le pays.

Toujours théâtral et imprévisible, capable de sorties fracassantes, le dirigeant libyen est en passe de devenir un important partenaire économique de la France, à hauteur de trois milliards d’euros, et on lui ménage un pont d’or durant les cinq jours que durera son séjour dans l’hexagone. La Libye prévoit de dépenser 100 milliards de dollars dans des infrastructures (aéroports, routes, hôtels...), et la France compte bien avoir sa place dans ces investissements.

Jean-Philippe Coll

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