mercredi 21 novembre 2007
Écologie : Chloredécone, qui déconne ?
En septembre dernier retentissait l’affaire du chloredécone, un pesticide utilisé pour lutter contre les charançons. Une affaire qui, d’après l’étude menée par un cancérologue français, le Dr Belpomme, dépasserait de loin celle du sang contaminé.
En effet l’ensemble de la population des Départements d’Outre-mer serait empoisonné par ces molécules utilisées pour traiter les bananeraies. Les séquelles sur la santé sont très graves. En Martinique, le taux de cancer de la prostate se situe au 2e rang mondial, sans compter les malformations congénitales et les troubles de la reproduction.
Si en métropole, l’actualité est occupée par les grèves, aux Antilles la polémique n'a pas le même relief. En Martinique, les intellectuels de sensibilité indépendantiste, comme Raphaël Confiant, montrent du doigt "les latifundistes Békés". Ils accusent ces propriétaires terriens, descendants directs des colons, d'avoir fait pression sur l'État pour prolonger l'autorisation du chloredécone jusqu'en 1993, alors que les effets du pesticide sur la santé humaine étaient connus dès 1976, année de son interdiction aux États-Unis. La France a pourtant continué à l’utiliser jusqu’en 1990, et en 1993 pour les DOM. Dans les faits certains producteurs l’auraient même encore utilisé pendant 10 ans.
Aujourd'hui, les scientifiques et les professionnels de la santé s'efforcent de calmer les esprits. Le 7 Novembre dernier, le Dr Belpomme, auditionné par la commission des Affaires économiques à l’Assemblée nationale à reconnu des “inexactitudes” dans son rapport.
Les effets réels des pesticides sur la santé ne sont donc toujours pas établis scientifiquement.
Deux études sur les conséquences possibles de l'exposition au chloredécone sont en cours. L'une porte sur un lien éventuel avec les cancers de la prostate, l'autre concerne les femmes enceintes. Leurs résultats seront connus fin 2008.
D’ici là le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour ne pas attirer l’attention sur cette affaire, sûrement de peur de glisser…sur une peau de banane.
Pierre Rossovich
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