lundi 29 octobre 2007

Politique : Retour sanglant à Karachi


Après huit ans d’exil, l’ancienne première ministre du Pakistan rentre au pays dans une ambiance de kermesse. Elle est l’icône d’un retour vers la démocratie et vers l’éradication des menaces islamistes, elle l’a promis ! Son premier combat : gagner les législatives de 2008 et vaincre les extrémistes.

Pour Benazir Bhutto, la politique est une histoire de famille. En 1986, elle prend la tête du parti du peuple pakistanais créé par son père. Elle gagne, en 1988, les élections législatives et devient la première femme à occuper le poste de Premier Ministre d’un pays musulman. En 1990, son gouvernement est démis pour corruption et abus de pouvoir, elle accédera toutefois de nouveau à cette fonction de 1993 à 1996. Néanmoins, ces accusations ne la quittent pas et la contraignent à l’exil vers l’Angleterre et les Émirats Arabes Unis. En 2002, absente lors de son jugement, elle est condamnée à l’interdiction de pénétrer sur le sol pakistanais.

Mais le président Musharraf l’amnistie et elle annonce, peu après, son retour au pays. Le 18 octobre à l’aéroport de Karachi, Benazir Bhutto est vêtue de vert et de son légendaire voile de soie blanche. Elle est en larmes, saluée par 250 000 sympathisants ; klaxons, gyrophares, slogans et tambours se mêlent aux drapeaux rouges, noirs et verts, symbole du PPP.
À cette occasion, la ville est transformée en forteresse. Mais cela ne suffira pas, à minuit, une première grenade est jetée dans la foule, puis un kamikaze « se fait sauter » à proximité du convoi, tuant plus de 130 personnes et en blessant 400 autres. Un photographe de l’AFP raconte « c’est comme si je marchais dans un abattoir. Certains corps étaient intacts, d’autres complètement démantelés ». Bhutto accuse les partisans de l’ancien régime du général Mohamad Zia et pointe du doigt l’incapacité du gouvernement en place à la protéger.
Mais elle ne se laissera pas impressionner. Depuis des mois, elle a négocié avec le soutien des USA, le partage du pouvoir avec le président. Va t-elle se contenter d’un demi-succès ?

Stéphanie Barrat

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