dimanche 24 février 2008

Maroc : Fouad Mourtada, faux frère et « martyr du Net »


Fouad Mourtada, un ingénieur marocain de 26 ans, est jugé depuis vendredi 15 février à Casablanca pour s’être fait passer pour le frère du roi Mohamed VI, sur le site de réseau social Facebook. Une affaire qui a engendré une vague de soutien massif en faveur du jeune homme.

Cinq ans de prison. C’est la peine que risque Fouad Mourtada, à l’issue de son procès pour « usurpation de fonction » et « falsification de documents informatiques ». Sous ces termes sentencieux, une simple fiche crée sur le site Facebook : celle du prince Moulay Rachid, le frère du roi Mohamed VI. Arrêté et incarcéré début février, le jeune ingénieur aurait été torturé par la police marocaine qui le soupçonnait d’abord d’avoir des liens avec des groupes terroristes, puis, de tenter de séduire des femmes…

Maître Ali Amar, son avocat, analyse : « Mon client n’a commis aucune escroquerie à l’égard de quiconque. (…) Il s’agit d’un problème de culture : c’est
la première fois qu’un Marocain se fait passer pour quelqu’un de très important sur un site internet, alors qu’en Europe et aux États-Unis, c’est déjà monnaie courante ».

Pour Fouad Mourtada, c’est l’incompréhension : « Il y a tellement de profils de célébrités sur Facebook. Je n’ai jamais pensé qu’en créant le profil de SAR (ndlr, Son Altesse Royale) le prince Moulay Rachid, je lui portais atteinte. (...) C’était juste une plaisanterie, une blague ». Et d’ajouter : « Je regrette mon geste et implore le pardon pour le mal que j’ai causé à toute ma famille. Je ne suis pas un malfaiteur, mon ambition dans la vie était simplement d’avoir un travail stable et une vie
normale ».

Vendredi, donc, au bout de vingt minutes, le juge a décidé du report de l'audience au 22 février, selon la requête de la défense, mais a rejeté la demande de libération provisoire sous caution de l’ingénieur. « L'affaire est trop grave et nous ne disposons d'aucune garantie quant à la bonne foi de l'intéressé », a justifié le procureur.
Le site Helpfouad, créé par le Comité de soutien du jeune homme, a mis en ligne une « pétition pour la libération de Fouad », qui a vu le nombre de signataires quintupler en seulement cinq jours. Le groupe de soutien sur Facebook réunissait, lui, près de 1 800 adhérents au 20 février.

Koceila Bouhanik

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