dimanche 17 février 2008

L’orpaillage en Guyane : L’enfer des garimpeiros


Clandestins, fuyant les favelas du Brésil, la Guyane française reste leur dernier Eldorado. Ils traversent l’Amazonie et, d’une forêt à l’autre, se retrouvent en département français. Ils décantent le fleuve au mercure, à la recherche du filon miraculeux. Vingt-deux gendarmes les traquent ; autant dire une fourmi contre une armée de scarabées.

Lors d’opérations « ANACONDA », ces fonctionnaires décryptent la forêt, à la recherche de trouées et de filets de fumée. Quand ils trouvent ces campements sauvages, ils détruisent ces « carbets » improvisés, cassent les pirogues, les moulins d’orpaillage et souillent toutes les marchandises. C’est leur seul moyen de dissuader ces clandestins de se réinstaller au même endroit.

Parfois dans leur traque, ils découvrent des morts, des blessés qui ont été laissés, là, lors de la fuite, ainsi que des campements qui ont été déjà été détruits, car pillés. Car ces pirates de la forêt se font, eux-mêmes pirater. Blessés ou tués, ils n’existent plus et sont abandonnés. La Croix-Rouge française survole donc les clairières. Elle recherche des blessés ou des malades du Mercure qui ont été rassemblés et abandonnés dans des trouées de verdure par leurs compagnons. Ils sont souvent en fin de vie. Elle les rapatrie sur Cayenne.

Ces chercheurs d’or sont les « garimpeiros » du Brésil. La Guyane Française encore vierge est sous-exploitée, et le revenu qu’ils en tirent est le double de celui qu’ils pourraient espérer chez eux. Mais ils vivent dans l’insécurité, car aucune loi ne régit ce monde hors du temps. Et tout est payé en or, leur seule monnaie d’échange. La cotation de l’or mondial n’a pas cours, ici. L’or ne vaut que ce qu’il faut pour survivre. Il se négocie donc en denrées de première nécessité et en prostituées. Certains, leurs rêves évanouis, malades, se rendent eux-mêmes sur la côte. Ils demandent l’asile économique et sanitaire et pullulent dans les bidonvilles de Cayenne. Non-alphabétisés dans leur propre langue, ils ne parlent bien sûr pas le français et n’ont souvent pas de papiers d’identité. On les surnomme les enfants de Midas.

Chantal Sayegh-Dursus

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